Chapitre 01

Muïnmos
Chapitre 1



- J'ai faim !
- Dios Mio ! Mais il est à peine 11 heures, t'as mangé deux gâteaux il y a même pas trente minutes... Emma, tu me désespères...
- Jeunes filles, veuillez-vous taire ! intervint Madame Livrefeu, professeur de français depuis plus de vingt ans. Bon, où en étais-je... Ah oui...
- Mme. Livrefeu enseigne vraiment bien, mais qu'est ce qu'elle est stricte!

Léa répondit par un hochement de tête voyant que cette dernière les regardait. La sonnerie retentit, les élèves tel des animaux enfermés dans une cage, se précipitèrent en dehors de la salle en direction du self où déjà, des élèves s'y agglutinaient. Le self était l'endroit que Emma préférait dans ce lycée, même si la nourriture était infecte, on pouvait y manger. Ce midi là, VNI et carottes en plastiques, soit, d'après le menu, Émincé de lapin accompagné de Carottes Vichy à la crème fraîche. Après, presque trente-cinq minutes d'attente, elles purent prendre un plateau, et chercher une place, une place alors que le self était déjà plein. Léa finit par trouver deux places, près d'une fenêtre et de la sortie. Elles pouvaient sentir l'air froid de décembre à chaque fois qu'un élève quittait le self.
Le repas fut vite englouti pour Emma. Léa, quant à elle, prenait son temps.

- On a une heure pour manger, pourquoi tu manges aussi vite ?
- Parce que, de un, j'ai faim et de deux, les abrutis de l'autre classe arrivent.

En effet, trois garçons et deux filles s'approchaient. L'un d'entre eux prit la parole dès qu'il vit la jeune fille.

- Poussez-vous, c'est nos places ! cracha un grand garçon maigre qui semblait être le meneur.

Léa vit rouge. Ce Kevin, toujours à venir l'ennuyer ou s'en prendre à Emma.

- Pour commencer ! Les places ne sont pas attitrées, je ne vois ton nom marqué nul part. Ensuite, JE n'ai pas fini de manger, alors, soit tu attends, si tu veux vraiment cette place si chère à ton petit cœur, soit tu cherches d'autres places, mais tu peux manger par terre aussi, ça ne changera pas beaucoup la façon dont je te considère. Allez, va voir ailleurs si j'y suis.

Kevin ne sut quoi dire, il était rouge, rouge de colère, mais surtout de honte. Il avait honte de s'être fait si facilement rembarrer. Il finit par céder.

- Bon, les gars! On va pas abuser! Laissons les manger! Et puis, regardez, y'a des places près de la porte, ça caille, mais on est des mecs, ça devrait l'faire!
- Mais, mec, c'est nos places, tu vas pas leurs laisser si facilement ? À côté de la porte il fait trop froid !
- On se casse j'ai dit !
Il se dirigeait déjà vers la table qu'il avait repéré, cinq places juste à coté de la porte, à deux tables de nos deux amies. Ses amis le suivirent comme les petits chiens qu'ils étaient pour lui. Emma intervint à ce moment là :

- Hé ! Vous mangerez vos desserts ?
- Emma ! L'interpella Léa
- Oui ?
- La ferme !
- Mais...

La fin du repas se termina dans le silence, Emma avait encore faim et Léa l'avait empêchée de racketter les abrutis. Elle était en colère. Elle ne parla plus de la journée, qui était relativement courte, les premières étant partis en voyage en Angleterre, le cours d'anglais de l'après-midi avait sauté. Emma rentra chez elle, à pied, les quarante minutes de marche ne lui avaient pas fait changer d'humeur. Heureusement, quand elle arriva chez elle, ses parents n'étaient pas là. Elle pouvait faire ce qui lui plaisait. Elle mangea une boîte de cookies avec un verre de thé glacé devant la télévision. Ses parents décidèrent de rentrer pour le dernier cookie. Sa mère, qui était une belle femme de trente-trois ans aux formes généreuses et dont les cheveux, bruns, descendaient jusqu'au bas du dos, partit au quart de tour.

- T'es encore devant la télé ? Et tes devoirs tu les as fait ?
- Nan...
- Ah ! Qu'est-ce que t'attends ? T'as mangé tous les cookies ? Tu te fous de moi ! Je les ai achetés hier !
- J'avais faim...
- Va faire tes devoirs ! Montre-moi quand t'as fini et n'allume pas ton ordinateur. Si t'as des recherches à faire, tu prends un dico.
- Mais...
- Écoute un peu ta mère ! Intervint son père
- J'en ai marre moi ! Repris de plus belle sa mère. Toujours en train de faire si, faire ça ! Va faire tes devoirs ! Arrête de manger ! Mince !!!

Pendant la tirade de sa mère, Emma partit et claqua violemment la porte de sa chambre ce qui fit trembler le mur du couloir. Elle s'écroula sur son lit et laissa tomber sa tête sur son oreiller qui s'avéra être plus poilu que d'habitude et qui parti en miaulant. Elle récupéra le bon oreiller, son oreiller et hurla dedans jusqu'à en perdre la voix. Entre temps, dans le salon :

- Euh, Caroline... Ta fille est déjà partie...
- Ma fille ? C'est aussi la tienne je te signale ! On l'a...

Julien embrassa sa femme pour l'empêcher de continuer de s'énerver et surtout pour que sa colère ne se retourne pas contre lui. Cela marchait presque à tous les coups. C'était un homme de trente-cinq ans, ses cheveux châtains clairs étaient coiffés en pagailles. Sa fille avait hérité de ses magnifiques yeux verts. Caroline se calma et alla dans la cuisine, commencer à préparer le dîner. Julien quant à lui, décida de finir un dossier pour son boulot. Quand le dîner fut prêt, il alla chercher sa fille.

- Emma, sors de cette chambre...
- Nan !
- Ouvre cette porte, s'il te plaît.
- Djali veut rentrer !
- M'en fiche !
- C'est l'heure de manger !
- ...
- Tu m'as entendu ?
- Pas faim, dit Emma d'une petite voix.
- Comment ? J'ai pas entendu.


Julien entendit plusieurs meubles se déplacer de l'autre coté de la porte. Emma était barricadée dans sa chambre, le mot barricadé prenait toute sa signification quand une armoire et un lit bloquaient la porte, il aurait fallut être trois pour défoncer la porte. La tête brune de sa fille apparut dans l’entrebâillement de la porte.

- On mange quoi ?

Julien sourit, laissant Emma sans réponse. Cette dernière renifla un bon coup et sentit la délicieuse odeur de steak grillé. Du steak grillé, dans cette famille, le steak grillé allait avec les pommes dauphines. Emma adorait le steak, mais surtout, les pommes dauphines ! Elle regarda son père de ses yeux verts, qui ressemblaient tellement à ceux de sa grand-mère, enfin d'après sa famille, qui ne se composait plus que de son grand-père maternel, Anatole, de ses parents ainsi que de quelques cousins et cousines trop éloignés pour garder un contact régulier. Son père était déjà à table quand elle rentra dans la cuisine, il mastiquait déjà son steak, sa mère quant à elle ne la regardait même pas, elle mangeait ses pommes dauphines avec une certaine rage, certaines s'étaient suicidées en sautant hors de l'assiette, tombant par terre.

- Oh non ! Mais qu'est-ce que tu fais ? S'époumona Emma. Les pauvres pommes dauphines ! Je te déteste !
- Euh, Emma ? S'aventura son père, c'est juste de la nourriture.
- Juste ? Tu me dis juste de la nourriture, alors que tu veux toujours que je finisse mon assiette quand je n'aime pas, et là, maman fait tomber une patate sur deux et tu dis juste de la nourriture ! Djali ! Touche pas à ça.

Djali, le maine coone familiale s'était déjà emparée de quelques pommes dauphines suicidaires. Emma plongea sous la table pour en ramasser le plus possible. Julien intervint :

- Rassis-toi sur ta chaise ! Tout de suite ! Tu vas pas nous faire une scène pour des patates ! Tu m'énerves, mange ton assiette et va dans ta chambre.

La fin du repas se passa dans une ambiance électrique, en moins de cinq minutes, Emma avait englouti son assiette et son dessert. Elle attrapa Djali et monta dans sa chambre. Elle fit ses devoirs, des mathématiques, une matière qu'elle adorait, ce n'était pas les nombres et les chiffres qu'elle aimait, non, c'était monsieur Gréaut, le beau, le magnifique monsieur Gréaut. Il faisait sortir les élèves plus tôt à midi et ses cours étaient simples à comprendre. Emma fit donc tous ses exercices et s'attaqua à l'exercice de français de madame Livrefeu, un passage des Misérables où il fallait trouver toutes les figures de styles, qu'elle avait, bien sûr, dans son trieur, ou, dans son sac, ou alors, quelque part sur ce bureau en bazar. Elle finit par le retrouver, dans sa corbeille, froissé. Elle s'attaqua donc à ce devoir, qu'elle faisait au dernier moment, comme les autres, mais, qui paraissait beaucoup plus long à faire et qui, en plus, était noté. Il était déjà 23 heures, Emma sentait ses paupières se fermer d'elles même, elle lutait contre le sommeil, elle devait finir ce devoir à tout pris. Elle s'endormit quelques minutes plus tard sur son devoir.